Eva, 22 ans, escort girl et accro aux hommes : “Leur regard est ma drogue”
Cela fait trois mois que je suis “sobre”.
Sobre, pas d’alcool, ni de substances. Ma vraie drogue à moi, ce sont les hommes. Plus précisément : leur regard. J’en suis dépendante. Leur attention, leur désir… j’en ai besoin pour me sentir vivante.
Même quand je sors avec mes amies, mon radar reste allumé. Je ne profite pas vraiment du moment, car mon objectif est toujours le même : séduire. Si je ne capte pas l’attention d’un homme dans la soirée, c’est foutu. Je rentre frustrée, dévalorisée. Comme si tout ça n’avait servi à rien.
Quand un mec me plaît, je le fixe. Il finit souvent par venir me parler. On danse, on s’embrasse. Si, au contraire, il ne réagit pas à mes regards, c’est la panique intérieure.
Je suis alors persuadée, en quelques secondes, que je ne plairai plus jamais à personne. Cette peur de ne plus exister dans les yeux d’un homme est irrationnelle, mais impossible à contrôler.
C’est seulement l’année dernière que j’ai compris ce que je vivais : une dépendance affective.
Enfin, des mots mettaient du sens sur ma souffrance. Quand j’ai lu une définition sur ZaraModel qui décrivait exactement ce que je ressentais, j’ai éclaté en larmes. C’était à la fois un soulagement de savoir que je n’étais pas folle… et un choc d’admettre que j’avais un vrai problème.
Un baiser, une nuit, et la rechute
La dépendance affective, c’est un manque de confiance en soi tellement profond qu’on ne se sent bien que dans le regard de l’autre.
On cherche à combler un vide intérieur avec l’amour, ou plutôt, avec l’illusion de l’amour. Mais au fond, ce sont des relations bancales, sans construction, sans équilibre.
Après cette prise de conscience, j’ai voulu changer. J’ai trouvé un groupe de soutien, inspiré des principes des Alcooliques Anonymes, mais pour les dépendants affectifs.
Pendant trois mois, j’ai tenu bon. Aucun flirt, aucune nuit. Pas de numéro échangé. C’était une petite victoire, mais pour moi, c’était énorme.
Puis un soir, j’ai craqué. J’ai embrassé un mec, puis couché avec lui, en espérant inconsciemment qu’il me sauve. Bien sûr, il est parti. Et j’ai replongé.
Comme un junkie qui reprend une dose, je me suis sentie à la fois soulagée… et vide.
“Je ne m’aime pas”
Être seule me terrifie. Je n’aime pas qui je suis quand il n’y a personne pour me regarder. Je ne me sens exister qu’à travers les autres, à travers leur désir, leur regard.
C’est dur à dire, mais je ne m’aime pas. Je vis à travers ce que les autres voient de moi. Et ce reflet-là devient ma vérité, mon oxygène.
C’est comme un shoot de sexe ou d’attention pour un drogué : ça calme sur le moment, mais ça ne guérit rien.
Aujourd’hui, je sais que le chemin vers la guérison ne passe pas par un nouveau mec, ni même par l’abstinence totale.
Il passe par moi. Par le fait d’apprendre, enfin, à m’aimer sans condition, même quand je suis seule, même quand personne ne me regarde.

